Tu ne les avais pas cru, ceux qui te disaient qu'il existait en ce jeu un monde fait entièrement de sucreries. Non pas que tu sois un grand fan de nourriture sucrée mais pour toi, une telle chose n'existait que dans des contes pour enfants, et encore. Évidemment, tu t'étais senti forcé d'aller voir, ta curiosité débordante (et ton estomac) guidant tes pas. Et puis tu étais arrivé. Tu avais d'abord ressenti un émerveillement total, celui même qu'un enfant plus jeune que toi de dix années aurait pu ressentir. Tu avais tout visité, tout mangé, croquant même certaines maisons en pain d'épice. Et puis quelques heures plus tard, et une grosse indigestion, tout ton émerveillement avait disparu, bien que tu étais toujours "admiratif", disons, devant toute cette nourriture qui servait d'habitats ou de cultures. Tu les observais désormais plus avec des yeux scientifiques, des yeux curieux, te demandant comment ça pouvait exister. Et puis tu te souvenais, que ce n'était au final, que des codes. Et puis tu étais soudainement abattu, chose rare chez toi. Enfin, c'était probablement parce que tu étais seul. Tu détestais ça. Tu avais le cafard quand tu étais seul. Tu ne te souviens plus pourquoi tu étais seul. Ah oui. C'est parce que la femme/petite amie du chef de ton ancienne bande t'avais accusé d'avoir voulu l'embrasser. Il avait été exilé. En fait, tu ne l'avais jamais touchée, sachant surtout qu'elle était d'une laideur sans pareille. C'était plutôt l'inverse, c'était elle qui avait voulu t'embrasser. Tu l'avais rejetée. Et puis voilà. Les femmes étaient d'une perfidie!

Tu sens en toi une espèce de courant électrique. Tu écarquilles les yeux, mettant une demi-seconde à comprendre ce qui se passe et puis... POUF. C'est fini. Tu gémis puis te regarde dans la surface lisse et miroitante du lac. Ça y est. Tu es une fille. C'était pas possible ça! Pourquoi ton pouvoir est si capricieux? Tu ne lui as rien fait pourtant! Tu n'avais rien demandé! Mais non, il fallait que ton pouvoir revienne te pourrir la vie! Cela dit, tu es plutôt mignonne en fille. Tu gardes ta peau bronzée, ton corps svelte, tes yeux verts et également tes vêtements, qui allaient tout de même à une femme malgré le fait que ce soit à la base taillé pour un homme. Seuls ses cheveux étaient différents, probablement parce que leur couleur blanche était une teinture. Ils étaient désormais bruns, bruns chocolat, n'étant qu'à quelques nuances près du noir. Tu t'admires dans ce lac chocolaté. Vraiment, que ce soit homme ou femme, tu es vraiment beau! Et nulle vanité ne se cachait dans cette phrase, ce n'était que la pure vérité! Tu pousses un soupir, à la fois énervé et désespéré par le peu de contrôle que tu avais sur ton pouvoir. Tu te souviens de l'excitation que tu avais ressentie quand cette voix féminine t'avais annoncé que tu avais gagné un don! Et puis tu l'as découvert ton don. C'était loin de ce que tu avais imaginé. Tu pouvais devenir une fille! Une fille! C'était quoi ce don foireux? Non pas que tu n'aimais pas les filles non, loin de là, mais bon, tu aimais ta virilité! Et être une fille c'était... bizarre. Tu manquais soudainement de muscles, tu avais deux énormes bosses qui te gênaient dans tes mouvements à l'épée et qui attiraient tous les regards masculins. Tu t'allonges sur le bord du lac sur le dos, tes bras croisés derrière ta tête. Tu allais devoir attendre qu'une grande force supérieure accepte de te faire redevenir homme. Soudainement tu entends un pas. Tu te redresses, regardes à gauche, à droite.

- Qui va là?! demandes-tu, avec ta voix plus aiguë que la normale, Sortez , continuas-tu, si vous avez des tripes! . Tu posas ta main sur ton épée, posée à côté de toi.

HRP:

Tu t'es visiblement trompé: la seule personne ici présente n'est que toi. Tu reposes ton sabre quand tu tournes la tête. Tu restes immobile un instant, bouche bée. Une petite boule de poil buvait l'eau chocolatée du lac. Enfin, le chocolat du lac. Et là, tu ne sais pas ce qui t'arrive. Une espèce de déclic se produit dans ton esprit. Déclic typiquement féminin, tu le sais. Tu lâches ton épée et sautes sur la petite créature, la prenant dans tes mains.

- Trooop mignooooooon!

Tu le serres contre toi et contre ta poitrine opulente en poussant des petits cris suraigus et hystériques, en faisant des petits sauts excités. Au bout d'un moment tu le sépares de toi et tu le regardes. Il a l'air de suffoquer. Tu as un petit rire gêné et le repose par terre. Quand il reprend son souffle, tu l'observes. On dirait un loup. Non, un renard. Tu fronces les sourcils. C'est neuf queues qu'il a? Non, c'était pas possible! Tu regardes de plus près. Si, il avait bien neuf queues! Il a l'air d'avoir repris son souffle. Il te regarde d'un air effrayé puis s'enfuit vers un buisson tout proche.

- Hé att..., tu t'arrêtes et soupire. Tu t'assoies en tailleur et passe une main dans tes cheveux, l'air embêté. Je l'ai mérité je suppose... Mais c'est quoi ce corps aussi? Pourquoi je réagis comme ça moi?

Tu t'allonges sur le sol, énervé de ta conduite aussi puérile. Tu es parfaitement conscient que ce corps de femme ne réagit pas du tout de la même manière que ton toi homme aurait réagi. Et ça te frustrait ça! Tu voulais rester un homme quand tu étais une femme, mais tu n'y arrivais pas! Probablement était-ce parce que tu ne savais pas manier correctement ton don. Il fallait vraiment que tu apprennes à le maîtriser! Tu tends la main vers le ciel: même elle était féminine! Comment faisait-elle pour rester manucurée avec tous tes combats? Tu te ressaisis et te relève. Ici, il y a peut-être toujours un monstre qui rôde.