Mon manteau de laine était rangé dans mon sac d'aventurière. Encore heureux ! Avec sur le dos, je n'aurais sûrement pas supporté cette chaleur insoutenable ! Passer d'une neige glaçante à un désert aride... Mais ils ont quoi en tête les créateurs du jeu? Des idées de tortures ?! Non mais franchement, c'pas possible ça. Dans beaucoup de jeux tu passes d'un climat à l'autre. J'imaginais pas que j'allais l'expérimenter. Ah, pauvre personnage de jeu, je compatis au sort que je vous faisais subir quand je vous transporter en pantalon dans un désert et en jupe sur la banquise. Je m'excuse du fond du coeur.

- J'en ai marre de ce sable brûlant !!

Pourquoi étais-je là ? Mais c'est très simple ! Je buvais un café dans un bar, j'avais réussi à trouver un peu d'argent vite fait. Puis, un marin parla à un autre matelot d'un grelot magique pouvant exaucer les souhaits ! Mais tu parles d'une bonne nouvelle ! Moi qui ne buvait plus que 1 café par semaine quand j'avais les moyens, avec ce grelot je pouvais passer à 2 tous les jours ! Je pris donc le bateau... en tant que clandestine. Pour arriver dans ce désert horrible ! Et dire que selon les informations récoltés, le grelot se trouvait quelque part sur cet étendu de sable !

- Le café attendra, je veux de l'eau !

Oui, de l'eau bien fraîche ! Même un mirage me suffirait ! J'étais assoiffée. Mais ce grelot importait plus et me donnait le courage de continuer. Il allait être mien, le café allait être mien, et personne ne devait l'avoir avant moi ! Mais une aventure comme celle-ci ne pouvait se dérouler sans obstacle... Je veux dire, à part la chaleur. Et je crois bien que ce type, était l'obstacle en question. Il s'était précipité sur moi... ou plutôt sur mon ombre - et je le comprenais ! Malheureusement, il chuta et on se retrouva tous les deux à terre avec sa tête sur ma poitrine. Je ne fis guerre attention et, étant énervé à cause de cette insupportable soleil, je rajoutas un peu plus d'impact à la chute... Beaucoup plus.

- AIE !!

Je n'avais pas vraiment eu mal pour autant. Fâcheuse manie que j'ai que de me plaindre sans cesse. Mais ce n'était pas important. L'étrange personne me fixait maintenant avec son oeil - oui, parce qu'il n'en n'avait qu'un - et me demanda qui j'étais. Moi ? J'étais assoiffée. Que dire de plus ? Enfin, sur le moment, je n'eu pas l'idée de répondre avec ce mauvais jeu de mot. J'avais déjà répondu.

- Une pauvre âme perdue dans ce désert, comme toi.

... C'était vrai d'un côté. Nous étions sûrement perdu tous les deux. Ce type avec l'allure féline était sur ses gardes, pour sûr. Je voulais juste qu'il me laisse me relever, être allonger dans le sable, c'est pas un luxe. Mais que faisait-il là lui d'abord ? Il n'avait pas l'air d'aimer la chaleur. Il devait la détester autant que moi... Peut-être. Et puis, je vis ses grelots sur son écharpe. Il venait peut-être pour... La peur m'envahi. Le grelot était pour moi ! Mais je me trompais peut-être.

- Tu... Tu viens pour le grelot toi aussi ? dis-je en espérant que non !

Le soleil tapait fort. Je suais à grosse goutte. Je n'étais pas déçu d'avoir porté un débardeur et un short avant d'arriver dans ce jeu... Enfin, pour ici quoi. Le sable se collait contre ma peau. Ce n'était pas ça le plus désagréable ! Le plus dérangeant, c'était que ce sable rentrait dans mes vêtements et venait me gratter la peau. C'était détestable. Tout comme ce désert. Et avoir un autre corps près du mien n'arrangeait rien. Quand est-ce qu'il allait se relever celui-là ?! Ce "Chat" comme il s'appelait, m'énervait au plus au point. Et me faire ce discours sur le paradoxe là... Ça l'amuse ou quoi ?

- C'est quoi ce monologue à la con là ? Et puis j'ai un nom j'te signale. murmurais-je.

Enfin, je ne pouvais pas lui en vouloir. Moi non plus, je ne connaissais pas son nom... Je m'étais piégée moi-même. Et son sourire de gentil garçon innocent me révoltait ! J'avais l'impression qu'il se foutait de ma gueule en continu ! Moi aussi, je me foutrais de lui quand j'aurais le grelot. Si je l'avais. Ce Chat le voulait aussi. Il avait fait une sorte de poème improvisé avec "grelot" au début. Il était là pour ça lui aussi. Il s'était levé au passage pour tourner sur lui-même. Moi, je m'époussetais pour enlever tout ce sable. Et alors que j'avais soulevais mon débardeur pour en enlever un peu - j'avais arrêté avant la poitrine ! -, il se tourna vers moi, l'air sérieux. Il avait complètement changé.

- Dis-moi, tu mettrais quoi dans cette phrase comme mots ? Larme ? Flamme ?
- Euh... Larme sûrement...

Il ne m'avait même pas écouté. Il s'était approché de moi, me regardant par en dessous, me détaillant. Il me... renifla, me goûta même ! J'avais frissonné au passage de sa langue sur ma peau. Puis il repartit. Le Chat cherchait une entrée. Moi, je voulais la trouver avant lui. J'étais partie dans sa direction, quand tout à coup, le sol s'ouvrit sous mes pieds.

- Euh...

Par pur réflexe, j'attrapais la... queue du Chat. Était-elle vraie ou fausse ? De toute façon, il était trop tard, je l'avais déjà entraîné vers le bas, alors même si elle se décrochait... Il commença la chute avec moi. J'atterris sur un tas de sable - encore du sable ! C'était un endroit plutôt froid, des souterrains quoi. Un frisson me traversa. Et si c'était l'entrée de la salle du grelot ? J'avais donc emmené mon rival avec moi ! Mais j'avais trouvais l'entrée la première ! Je le regardais avec un air de défi, fière.

- C'est moi qui est trouvée l'entrée !

Je ne savais pas vraiment si ce souterrain était vraiment le cercueil où était renfermé le grelot. Mais une chose était sur, ce type était un adversaire coriace doublé d'un schizophrène. J'allais en baver avec ce type à moitié félin.

Bon alors, récapitulons. Je suis partis du pays gelée pour aller dans celui du chaud trouver un grelot magique pouvant exaucer les souhaits. Manque de pot pour moi, quelqu'un d'autre le voulait aussi ! Et pas pour les mêmes raisons qui poussent un aventurier à chercher ce grelot ! Je suis sûre que ce Chat voulait seulement le collectionner. Oui, cette créature avait fait collision avec moi et tout pousse à croire qu'il était là pour cette chose jaune qui fait du bruit quand on le secoue. Bref, on cherchait tous les deux l'entrée d'une grotte secrète ou je ne sais quoi dans la même direction mais chacun de son côté. Résultat, par je ne sais quel moyen, le sable se déroba sous mes pieds et je commença à chuter, le Chat également... Oui, j'avais tiré sur sa fausse queue qui s'était déchirée. J'étais retombée sur du sable. Mais le mérite que je pouvais tirer de cette découverte était trop forte: je surmontas les grains de sables incrustés dans les vêtements et cria haut et fort pour que le Chat entende.

- C'est moi qui et trouvée l'entrée !

Mérite qui ne dura pas longtemps. Ce sable était pire que du poil à gratter ! C'était partit pour se trémousser. Et que je me trémousse à gauche, et que je prend quelques mur à droite, et que je tombe finalement sur le sol, épuisée. Je me sentais bien sur les pierres froides et je pris une grande inspiration pour profiter de tout cet air frais qu'il y avait. Ça changeait du désert quelques mètres plus haut. Soudain, je sentis un pelage doux se frotter contre mon bras. Un chat était là à miaulait pour quelques caressent. Pas le temps de savoir comment il était là, je ne pouvais résister à l'envie de lui faire des papouilles. Je le pris dans mes bras tout en faisait des petits bruits de chats de temps en temps. Mon regard passa difficilement du chat au tas de sable sur lequel le Chat aurait dû être, mais il n'y avait qu'un tas d'habit. Je n'eu qu'une seule réaction.

- Ah ! Il s'est désintégré !

J'allais tout de suite observé le tas de vêtement ne recouvrant aucune peau si se n'est... du sable. Je cherchait un indice, une sorte de trace de brûlure. On ne s'est jamais ! Et s'il avait été touché par un laser ? Oui bon, à ce moment là, les vêtements ne seraient plus là mais quel importance ? Je suis un peu bête. Ne trouvant rien, je commença à marcher plus profond dans les souterrains. Une chance qu'il n'y ait qu'une ligne droite ! J'avais toujours le chat dans mes bras et... je ne savais même plus pourquoi je marchais. Vous savez ce que c'est, p'tit moment d’absence total.

Spoiler:

Ce souterrain n'était pas comparable à un labyrinthe, mais il est tout aussi travailleur de méninge. On était, le petit chat et moi, arrivé à un croisement. Ce-dernier avait sauté de mes bras - me tapant dans le nez au passage - car j'avais arrêté de le caresser. Ils sont exigeants ces petits animaux, c'est pas croyable. Il était parti à gauche. Et si j'essayais à droite... M'ouais, j'ai pas vraiment grand-chose pour me défendre. Je fais quoi si je tombe sur une plante qui bouge, qui parle, avec un oeil qui te fixe au fond de la gorge et qu'elle m'attrape avec ses lianes ?! Aucune chance de survie. J’acquiesçais mes propres propos comme s'il y avait quelqu'un devant moi. Mais, si il y avait le grelot dans la partie droite ? J'ai une chance sur deux pour le chemin. Et une chance sur quatre pour la trouvaille.

Un cri me tira de mes rêveries. Ça venait de la partie gauche, où était parti le chat. Autant allait voir, on ne sait jamais. Je pris donc à gauche et là, BAM ! Une scène typique des films américains. Un golem d'argile tenait fermement le corps... nu du Chat. Le type à moitié félin là. Tout près de la sortie en plus. Il demandait de l'aide, ça c'était sûr. Mais personne ne se demande comment il était arrivé là ?! Il avait disparu du tas de sable tout à l'heure et maintenant le voilà en difficulté. Passons outre le fait qu'il soit à peau découverte, ses vêtements sont dans la salle de départ. Peut-être que son don c'était l'invisibilité qui sait. Oui, mais le petit chat de tout à l'heure l'aurait sentit... Une ampoule surmonta ma tête - enfin, si cela avait été une BD.

- Mais bien sûr ! Il peut se télépo... Euh... Se transformer en chat !

J'allais dire une bêtise. S'il pouvait se téléporter, ses vêtements seraient encore sur lui ! En clair, le Chat avait été avec moi depuis tout à l'heure. Qu'est-ce que j'allais faire maintenant, je le sauve ? Vaudrait mieux pour ma poire, en effet. Imaginons que ce type soit à la tête d'une mafia qu'il a créé dans le jeu, je fais quoi si les sbires apprennent que je l'ai laissé crever ? Mais je serais poursuivi toute ma vie ! Surtout que je n'ai toujours pas découvert mon don ! Oh là là. Vite, trouvons une solution... Une solution... Ouais, déjà, allons chercher les vêtements du Chat. Si je le sauve, qu'il s'habille au moins ! Qu'on soit dans un désert n'est pas une raison.

J'avais les vêtements en main. Et une de mes chaussure aussi. En fait, je vais plutôt retirer les deux, pour ne pas être bancale. Bon, je m'approche tranquillement du golem qui jouait avec la tête du Chat avec ses gros doigts. En tout cas, j'espérais qu'il était sensible. Je prends un peu d'élan, la chaussure dans la main droite, le bras levé... Et je lance la chaussure sur sa tête près de son oeil ! Il tourna la tête dans ma direction, tenant toujours le Chat dans ses mains. Je lance la deuxième dans son oeil directement... grâce à la chance hein.

- Et gros tas d'argile ! Regarde par ici ! Dis-je en secouant mon popotin dans sa direction.

Il lâcha le Chat qui tomba au sol. Il avança dans ma direction. Bon, il était plutôt gros et les galeries n'était pas géante non plus, il se déplaçait lentement. Quand il arriva près de moi, préparait à m'attraper. Je passe entre ses jambes, pris par la main le Chat, et couru jusqu'à la sortie ! J'avais toujours ses vêtements suspendus sur mon bras. On arriva dans le désert brûlant, je bifurque à droite directement et courut quelques mètres encore. Après ne plus avoir de souffle, on s'arrêta et je lance les vêtements sur lui. Si il y avait un autre golem qui protégeait le grelot dans la partie droite, on aurait fait quoi ? Un petit chat ne peut rien faire, une fille comme moi non plus. Fuir avait été la meilleure solution.

- On... On devrait peut-être y retourner quand on sera préparés hein !

- Ouais, sans doute.

Sans doute ? Sans doute ?! Mais il n'y a pas de doute à avoir ! C'est pourtant évident qu'on n'a pas la force pour combattre un golem d'argile ! Encore moins une plante carnivore ou je ne sais quel autres monstres il y aurait pu y avoir dans la partie droite du souterrain ! Il en a de bonne à dire le Chat. Se rend-t-il compte qu'il était sur le point de passer l'arme à gauche étouffé si j'étais pas intervenue ? Oh pire des cas, il finissait avec les côtes broyées. Et ça doit pas faire du bien.

Résultat, ce grelot, il existe ou pas ? Ça va rester un mystère jusqu'à ce que je revienne... armée. J'aurais tenter un coup d’œil à la sauvette si on pouvait ressuscité comme dans tous les jeux normaux. Un café à peine toute les semaines vaut mieux que deux cafés tous les jours. Parce que si je ressortais d'ici avec le grelot, ce serait pas indemne ! Sauf si je découvre que mon don c'est un truc super qui déchire tout ! Chanceuse comme je suis, j'ai des doutes. Puis celui du Chat, il lui correspond bien ! Si il le contrôlait, il aurait pu filer à la hâte des mains du golem... je serais pas dans la merde moi après. Un mafieux ça aide pas gratuitement et j'ai rien dans le porte monnaie !

- Tu caresses bien, en fait. C’était… Agréable…
- Euh, ben merci. Si... Si tu veux être caressé h-hésite pas...

J'ai l'impression que ce que j'ai dit n'est pas très... pas très saint. Mais c'est un mafieux, je ne veux pas qu'il me zigouille si je lui donne une réponse négative ! J'ai réussi à tiré un peu de sympathie à son égard, on va la conserver bien au chaud. Il avait remis ses vêtements et regarder l'horizon. Il devait chercher une ville. Oui, il faudrait que je pense à partir moi aussi. Je ne vais pas rester ici toute ma vie, et lui non plus. Et hors de question de le suivre ! Je quittais le sable chaud pour me lever, m'étirer et commença à marcher tout droit devant moi, je trouverais bien un moyen de sortir de ce désert comme je suis venue.

- Bon bas, j'vais y aller. A une prochaine fois !

Puis je courus à toute vitesse, puis tomba. Je me relève et continu mon chemin en marchant, laissant loin derrière moi le Chat. Le Chat... Je ne connaissais pas son nom d'ailleurs. Bas, si j'ai besoin de le trouver un jour, un type comme lui ne passe pas inaperçu. Une description physique suffira.
Je ne fis pas attention qu'une dune s’apprêtait à descendre, alors je glissa tout le long de cette dernière.
J'aurais peut-être du rester avec le Chat...

- De l'eau !!!

Tu regardas le sable, perdu dans une contemplation, et tu entendit à peine ta camarade te dire au revoir. Perdu dans tes pensées philosophiques de chat du désert, c'est à peine si tu étais conscient que tu étais en train de crever de chaud. Ton unique œil était perdu dans le vague, tandis que tu te disais que ce don que tu avais eu en arrivant ici était un cadeau des Dieux. Oui, toi, le Chat, tu étais fier de t'être découvert cette capacité.

Lorsque tu repris enfin conscience de ta propre existence après cette transe quasi mystique, la nuit tombait sur le désert. Tu te relevas et essuya tes fringues sur le sol, avant de murmuter doucement:

Au revoir, Mlle tête d'épinard... Au plaisir...

Et tu repris doucement mais surement ta marche solitaire vers l'inconnu, l'incertain.

HRP :